mercredi 29 avril 2009

Les francs-maçons de Sarkozy

Mercredi 29 avril 2009

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Publié le 12/03/2009 - Modifié le 13/03/2009 N°1904 Le Point
Les francs-maçons de Sarkozy
Influence. Les « frères » sont nombreux autour du président, révèle Sophie Coignard dans un livre dérangeant.

Sylvie Pierre-Brossolette

Les francs-maçons ? Ils sont partout, jusqu’au coeur de l’Etat. C’est en tout cas la conclusion de notre consoeur et collaboratrice au Point Sophie Coignard.

Dans un livre extrêmement documenté, elle met en lumière le rôle de cette confrérie aussi mythique que réelle, qui ne cesse d’alimenter les fantasmes sur son pouvoir supposé. Confiant qu’elle-même a longtemps oscillé entre deux attitudes-le scepticisme et la conviction-, son enquête l’a persuadée que les francs-maçons exerçaient encore au XXIe siècle une influence prépondérante, voire croissante, en particulier dans les sphères publique et économique. Gouvernement, administration, entreprises, banques, rares sont les secteurs où ils ne sont pas présents. « Tandis que l’autorité de l’Etat tombe en lambeaux, que les corps intermédiaires n’existent plus, que la notion de service public a perdu de son sens, les francs-maçons, ou du moins certains d’entre eux, deviennent des médiateurs, des facilitateurs, voire des décideurs. Progressivement, ils ont donc reconstitué un Etat dans l’Etat. »

Puissance

Une affirmation que tente de relativiser un des plus connus d’entre eux, Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient et super-conseiller de Nicolas Sarkozy. En décembre 2007, il déclare à l’auteur : « Ce gouvernement est le plus a-maçonnique qui soit, puisque nous sommes à zéro franc-maçon. Même sous le gouvernement du maréchal Pétain à Vichy, il y en avait, hélas. » Bauer sera pris à contrepied. Car, quelques semaines plus tard, Brice Hortefeux, qui n’est pas le moins voyant des ministres, ne dément pas avoir longtemps fréquenté les colonnes du temple. Puis l’on apprend que Xavier Bertrand est membre du Grand Orient, ce qui suscitera, dit-on, ce bon mot de François Fillon : « Je ne suis pas étonné de le découvrir maçon ; mais franc, cela m’en bouche un coin... » A droite, même si l’on est plus discret qu’à gauche sur son appartenance maçonnique, on est donc bien présent dans les loges. Et, si le chef de l’Etat n’est pas de la « famille », il en prend grand soin, sachant son poids (voir extraits pages suivantes).

« Jamais je n’aurais pensé que les francs-maçons étaient aussi puissants ! » Cette réflexion effarée de Jean-Pierre Raffarin vient d’un épisode vécu lorsqu’il était Premier ministre. Il en garde un très mauvais souvenir : la mobilisation fraternelle l’a en effet empêché, malgré tous ses efforts, de nommer à la tête d’EDF, bastion franc-maçon, l’ancien ministre Francis Mer à la place de François Roussely, qui admet être proche des frères pour les avoir beaucoup fréquentés. Pour le défendre, un déluge de coups de téléphone s’abat sur Matignon. Il y avait tous les jours un appel de Bauer et un autre d’Henri Proglio, patron de Veolia, qui dément très mollement être initié. La bataille dure des semaines. Pour finir, les ligueurs ne sauvent pas Roussely, mais ont la peau de Mer. Raffarin en tremble encore.

Solidarité

Le poids des frères se fait également sentir dans le monde de la justice. Quand Vincent Lamanda fut nommé premier président de la Cour de cassation, ce fut une minirévolution dans cette cour suprême, « Etat maçonnique miniature » . Pour la première fois, ni le premier président ni le procureur général n’étaient des initiés. Lamanda, selon Le Monde, aurait même poussé la provocation en confiant au CSM, qui devait le désigner : « Je ne suis pas franc-maçon. » Tempête dans le landerneau judiciaire, truffé de frères. A tel point que Lamanda dut se fendre d’une lettre d’excuses, sans vraiment démentir. Il est un des rares, dans ce microcosme, à détester ouvertement les francs-maçons.

Dans certaines institutions, on n’a carrément pas intérêt à être un profane. Augustin de Romanet, nommé à la tête de la Caisse des dépôts en 2007, en a fait l’amère expérience. Cet énarque catholique tout en rondeur a le sentiment, dès son entrée en fonctions, « que l’entourage de [son] prédécesseur [Francis Mayer] compte de nombreux frères ». Très vite, l’épreuve de force entre le catho et les initiés provoque des polémiques au sujet des nominations ou des évictions. Ainsi, quand Dominique Marcel, le numéro deux et ex-dir cab de Martine Aubry, est remercié par Romanet, c’est le tollé. Commentaire au siège de la Caisse : « C’est moins une chasse aux sorcières qu’une chasse aux frères. » La solidarité est la première des vertus maçonniques....

Fleurons

Les francs-maçons détiennent de nombreux bastions, comme les mutuelles, le « paradis des frères », ou Bouygues, ou encore Eiffage. Malgré la privatisation de nombreuses entreprises publiques où les francs-maçons étaient très présents, ces derniers ont conservé leur place à tous les étages de la hiérarchie, conseils d’administration compris. C’est le cas de La Poste et de France Télécom, qui ont succédé au ministère des PTT, véritable pépinière fraternelle. Idem pour Air France, où les dirigeants comme les pilotes connaissent un taux d’initiation bien supérieur à la moyenne nationale.

Sophie Coignard nous fait ainsi découvrir tout au long de son livre les dessous de nombre de nominations ou d’opérations. On est parfois sidéré, voire choqué, que de tels réseaux puissent exister à l’heure de la modernité et de la transparence. Certes, d’autres puissants lobbys ont partout leur mot à dire. Mais les francs-maçons auront réussi le tour de force d’être à la fois le plus ancien et le plus secret des réseaux. Son mystère a fait sa force. Le voici aujourd’hui en partie dévoilé

Extraits : « Un Etat dans l’Etat », de Sophie Coignard (Albin Michel, 336 pages, 20e)

« Même s’il avait voulu, il n’aurait jamais tenu ! » s’amuse un de ses plus anciens amis, selon lequel Nicolas Sarkozy nourrit une incompatibilité quasi physiologique avec le statut de franc-maçon. « Vous l’imaginez demeurer pendant un an, à raison de deux réunions par mois, au milieu d’une assemblée où il est tenu au silence le plus absolu ? » Le voeu-provisoire-de silence en loge s’applique en effet à tous les nouveaux venus, à l’exception de quelques chefs d’Etat africains auxquels la GLNF offre une formation accélérée. A ces rares exceptions près, il fait partie des exigences non négociables de l’initiation.

Pendant sa traversée du désert, après la défaite d’Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy a fréquenté, comme intervenant extérieur, plusieurs loges de Neuilly, dont La Lumière, celle de l’ancien sénateur Henri Caillavet, une des figures les plus marquantes du Grand Orient. Certains croient se souvenir de quelques appels du pied du maire de Neuilly, redevenu avocat, après la répudiation chiraquienne, pour approfondir les relations et aller plus loin si affinités. Ils assurent ne pas avoir donné suite, car Nicolas Sarkozy, déjà à l’époque, n’avait pas le profil pour recevoir la lumière. Il n’est pas interdit de voir dans cette évocation une sorte de rêve rétrospectif.

Cependant, à défaut d’avoir expérimenté personnellement le cabinet de réflexion préalable au passage sous le bandeau, Sarkozy sait appliquer aux frères le traitement « segmenté » qu’il réserve à toutes les « communautés ». Cette vision de la société, où l’on ne s’adresse pas à l’ensemble des citoyens mais à chacun de ses sous-ensembles, marque très fortement sa communication avec les maçons.

Un paraphe à trois points

En 1996, à l’époque de sa disgrâce, personne ne s’intéresse vraiment à son sort. Mais quelques-uns de ses confrères avocats sont assez intrigués. Certains parlent beaucoup entre eux de courriers qu’ils ont reçus et au bas desquels la signature de Me Sarkozy est très nettement agrémentée de trois points. L’histoire court dans Paris, où plus d’un analyste des réputations se répand sur une appartenance certaine à la grande confrérie.

Le temps passe. Le maire de Neuilly gravit un à un les échelons qui le mènent, en 2002, au ministère de l’Intérieur. [...] Et voilà que les trois points de sa signature, dont personne ne parlait plus depuis des années, redeviennent un sujet de conversation.

Peu de temps avant de quitter la Place Beauvau, Nicolas Sarkozy doit faire face à la grogne des syndicats policiers, las de devoir intervenir en banlieue sans avoir toujours le sentiment d’être soutenus par le gouvernement. Sans se faire prier, le ministre écrit à plusieurs patrons de syndicats, notamment au secrétaire général d’Alliance, classé à droite, pour les assurer que tout le ministère est derrière eux dans les opérations de maintien de l’ordre souvent difficiles qu’ils ont à mener. En dessous de sa signature : trois points très ostensiblement dessinés en triangle.

Alliance, il est vrai, compte de nombreux maçons parmi ses dirigeants. Jean-Claude Delage, son secrétaire général, un flic sympathique qui a gardé de sa Marseille natale un accent chaleureux, est le premier à défendre, avec véhémence et conviction, le secret de l’appartenance. Nicolas Sarkozy, engagé dans la campagne présidentielle, distribue-t-il les-trois-points en fonction des destinataires de ses missives ? En tout cas, l’histoire fait parler. Et, comme toujours, Alain Bauer, l’ancien grand maître du Grand Orient devenu le spécialiste chargé de la sécurité et de la police auprès du président, a sa petite anecdote pour banaliser cette amusante histoire. « J’ai plusieurs lettres de lui sur un mur de mon bureau, s’amuse-t-il. Il n’y en a pas deux qui sont signées de la même manière. » Alors, pourquoi le fantasme collectif aurait-il vu trois points là où il n’y avait rien à signaler ? « C’est d’autant plus idiot que les francs-maçons savent que Nicolas Sarkozy ne l’est pas, tandis que les autres, au mieux, n’en ont rien à faire », poursuit Bauer.

C’est bien essayé, de la part de l’ancien grand maître du Grand Orient, qui sait mentir avec un entrain plaisant, mais ce n’est pas vrai. Dans le paysage morcelé de la maçonnerie française, toutes les obédiences n’entretiennent pas des relations mutuelles d’une grande courtoisie. Elles se communiquent, certes, chaque année, depuis le temps des affaires, la liste des personnes radiées pour mauvais comportements, afin que celles-ci ne puissent pas frapper à la porte d’un temple où elles ne sont pas encore défavorablement connues. Mais c’est bien la preuve que tous les maçons ne se reconnaissent pas entre eux, notamment entre membres du Grand Orient de France et de la Grande Loge nationale française, puisque la seconde interdit toute relation avec le premier. La signature « trois points » peut donc, à la marge, susciter quelques sympathies fraternelles. « Et si le ministre était un des nôtres ? » ont rêvé les plus naïfs, tandis que les autres trouvaient plutôt agréable ce clin d’oeil dans leur direction.

Itinéraire d’un non-initié

Et d’ailleurs, l’illusion fonctionne. Au cours de l’enquête destinée à nourrir ce livre, plusieurs maçons ont soutenu mordicus que le président avait été initié. Leurs arguments n’emportent pas la conviction, puisque ceux de la GLNF soupçonnent Alain Bauer de l’avoir embrigadé au GO, tandis que quelques antisarkozystes de la rue Cadet-et ils sont assez remontés depuis les discours sur la « laïcité positive » prononcés au cours de l’hiver 2007-2008 !-verraient bien le chef de l’Etat à la GLNF, qui compte, il est vrai, une solide implantation dans les Hauts-de-Seine.

Il faut toutefois faire preuve d’une candeur touchante pour imaginer Nicolas Sarkozy, une fois président, rejoignant une obédience. « Pour lui, dit un de ses proches, c’est un réseau parmi d’autres. Et quand on est le chef, c’est bien d’avoir des membres du réseau autour de soi. Pour qu’ils puissent décoder et envoyer des messages. »

Le président a d’ailleurs côtoyé intimement des frères dès le berceau politique. Son parrain, l’ancien maire de Neuilly Achille Peretti, auquel il a succédé à la hussarde en 1983, était à la GLNF, que l’on appelait alors « Bineau », car son siège était situé boulevard Bineau, à Neuilly, justement. Ce personnage haut en couleur avait pistonné au parti gaulliste l’un de ses compatriotes corses, Charles Ceccaldi-Raynaud, un ancien de la SFIO, avocat puis commissaire de police. Cet homme habile qui savait renvoyer l’ascenseur est allé loin. Il a conquis la mairie de Puteaux et a régné sur cette ville richissime, grâce aux revenus fiscaux générés par la Défense, pendant trente-cinq ans. La SFIO étant historiquement l’un des vecteurs de recrutement de la Grande Loge de France-tandis que les radicaux allaient au GO-, c’est auprès de cette obédience que Charles Ceccaldi-Raynaud a fait ses classes. Dans une lettre adressée en 2007 à la chambre régionale des comptes, où il vantait avec enthousiasme l’excellence de sa gestion municipale, l’ancien édile, qui fut le suppléant de Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale en 1993-il y siégea grâce à l’entrée de celui-ci dans le gouvernement Balladur-, n’hésitait pas à comparer Puteaux à une « nouvelle Carthage », une référence maçonnique transparente. Il a eu pour conseiller municipal puis comme adjoint un frère très apprécié, l’ancien fonctionnaire de la DST Roger Latapie. Sa popularité en loge n’était peut-être pas étrangère au fait qu’il a mis pendant des années un temple gratuit à la disposition de la GLNF !

Faire le tour des maçons dans les Hauts-de-Seine serait long et fastidieux. A Rueil-Malmaison, le frère Patrick Ollier a succédé au frère Jacques Baumel. A Suresnes, le maire Christian Dupuy est le fils de l’ancien grand maître de la Grande Loge Richard Dupuy, qui avait demandé un point de chute pour son fils avant les municipales de 1983. Le jeune avocat, alors âgé d’à peine plus de 30 ans, avait réussi l’alternance en succédant à un autre franc-maçon, le socialiste Robert Pontillon.

Mais tous les frères des Hauts-de-Seine ne sont pas les amis de Sarkozy. Ainsi de Patrick Ollier, dont la cote d’amour n’a jamais été bien élevée. C’est en revanche sur ces terres que le futur président a rencontré de nombreux amis initiés. Patrick Balkany ne peut être cité à ce titre, car il dément fermement appartenir à la Grande Loge, ce qui provoque toujours quelques sourires amusés. Brice Hortefeux, lui, assistait aux Journées nationales pour la jeunesse de l’UDR en 1976. C’est lors de cette manifestation que le jeune Sarkozy est monté pour la première fois à la tribune. La légende raconte qu’un grand étudiant blond, alors tout juste majeur, s’est présenté dès le lendemain à la permanence du parti gaulliste à Neuilly, où il résidait. C’était Hortefeux. [...] Très discret, il refuse de confirmer ou de démentir son ancienne appartenance, pourtant confirmée par plusieurs témoignages.

Brice a été témoin du premier mariage de Nicolas et parrain de son fils Jean, aujourd’hui conseiller général des Hauts-de-Seine. Pour Manuel Aeschlimann, c’est l’inverse. Nicolas Sarkozy, qui a été témoin à son mariage, est le parrain de l’un de ses enfants, un garçon prénommé Lohengrin. Mais avec Aeschlimann, Nicolas Sarkozy a sûrement fait moins « bonne pioche » qu’avec Horfefeux. Après avoir pris la mairie d’Asnières en poussant vers la sortie le maire de l’époque, le compagnon de la Libération Michel Maurice-Bokanowski, en 1991, il a été désavoué par les électeurs aux municipales de 2008. Depuis, il n’est plus que député. Et n’a plus la même proximité avec son ami. Il fut, pendant la campagne présidentielle de 2007, dans le premier cercle, avec un beau titre de « conseiller opinion » du candidat. Manuel Aeschlimann est entré à la GLNF peu après son arrivée à la mairie d’Asnières. A l’époque, il racontait avec amusement à ses collaborateurs son initiation, un passeport de plus pour la carrière. Mais, lorsqu’on l’interroge aujourd’hui, il fait démentir avec un aplomb remarquable par l’un de ses collaborateurs.

Reste le cas de Patrick Devedjian, qui dément appartenir au club alors que des frères peu suspects de mythomanie se souviennent du jeune avocat en tablier. Avec Patrick Devedjian et Brice Hortefeux, Christian Estrosi représentait au début du quinquennat l’avant-garde du canal historique sarkozyste au gouvernement, qu’il a quitté après les municipales de 2008. Une éviction à laquelle les francs-maçons n’étaient d’ailleurs pas étrangers. Il est lui aussi passé sous le bandeau à la GLNF, qu’il a fréquentée dans une loge de la Côte d’Azur, France 7, dont l’ancien maire de Cannes, Michel Mouillot, le fera évincer pour cause de dilettantisme.

Si l’on récapitule, les frères ont jalonné le parcours du président et sont encore nombreux autour de lui : dans le premier cercle, si l’on excepte Patrick Balkany, qui assure ne pas être concerné, on compte Brice Hortefeux, Christian Estrosi et bien sûr Xavier Bertrand, qui a montré, en révélant son appartenance au Grand Orient dans L’Express, en 2008, que l’on peut se montrer transparent sur ce sujet sans le moindre inconvénient.

Au total, les instances dirigeantes de l’UMP comme le gouvernement comptent donc dans leurs rangs quelques personnalités formées dans les colonnes du temple.

Le cabinet du président de la République aussi compte plusieurs personnalités qui ont fréquenté les loges, à commencer par son plus proche collaborateur, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Celui-ci ne confirme ni ne dément cette appartenance, qui remonte d’ailleurs à quelques années.On n’a pas non plus vu depuis longtemps dans les couloirs de la GLNF Pierre Charon, surnommé le conseiller « rire et chansons » du président, chargé de mille choses, des contacts avec le show-business au chaperonnage de Carla en passant par la surveillance à distance de la villa de Christian Clavier en Corse. Il reste qu’il fait aussi partie des sarkozystes historiques. Ancien conseiller de Jacques Chirac pour la presse, il a été écarté, à l’époque, par la jeune Claude, qui voulait le job pour elle toute seule.

Pierre Charon assure à tous ses amis depuis des années qu’il n’est pas franc-maçon, et c’est une occasion de plus de les faire rire. Il est pourtant formel : il a certes côtoyé dans sa prime jeunesse des personnes qui ont par la suite reconnu leur appartenance, mais elles n’avaient pas encore été initiées. Charon est un précoce. En 1974, il n’a que 23 ans mais est déjà fou de politique. Il préside alors, avec Michel Vauzelle-un frère qui codirigea la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1981 et est aujourd’hui président de la région Paca-, le comité de soutien des jeunes à Jacques Chaban-Delmas, en compagnie d’un autre franc-maçon de choc qui fera parler de lui dans les pages « faits divers » au début des années 80 : Didier Schuller, l’ancien directeur de l’office HLM des Hauts-de-Seine. Une bataille perdue, mais le jeune Charon reste un fidèle de Chaban. En 1978, il se rend pour la première fois à l’Elysée. Il a rendez-vous avec le préfet Riolacci, conseiller de VGE, pour lui demander que le parti du président ne présente pas le candidat contre son mentor pour la présidence de l’Assemblée nationale. Chaban bat Edgar Faure de quelques voix et tient le « perchoir » de l’Assemblée nationale de 1978 à 1988. A l’hôtel de Lassay, Pierre Charon fait partie du cabinet.

C’est à cette époque qu’il fonde sa fraternelle à lui, qui, assure-t-il, n’a rien de maçonnique. Le Club de la cravate, puisque tel est son nom, compte dix-sept membres fondateurs dont de nombreux policiers de haut rang, tels Ange Mancini, aujourd’hui préfet de la Martinique, Jacques Poinas, inspecteur général et ancien patron de l’Uclat, ou encore Claude Cancès, lui aussi inspecteur général et ancien patron de la police judiciaire, quelques hommes de médias comme Pierre Lescure, ainsi que des profils plus improbables comme le pilote automobile Hubert Auriol. On compte quelques frères dans la bande ? Charon répète que ce n’est pas l’objet, qu’il s’agit juste d’une bande de bons copains qui s’entraident et se reçoivent. Pourquoi le Club de la cravate ? Parce que Pierre Charon, président à vie, a fait fabriquer dix-sept cravates club identiques, à bandes verticales, rouges et jaunes avec des points noirs.

Aujourd’hui, les anciens copains ne se réunissent plus comme avant, même si l’on a vu certains d’entre eux dans un restaurant de Clichy, à l’automne 2008. Le conseiller du président, lui, occupe un bureau avec vue sur cour à l’Elysée. Il est le coach, le confident, le « conseiller de Carla » et se charge de déminer toutes les sales histoires pour « Nicolas ». Un poste stratégique qu’il trouve manifestement bien plus exaltant que la fréquentation des loges.

Un grand maître à l’Elysée

Avant même de devenir président et de pratiquer l’ouverture politique, Nicolas Sarkozy s’est rapproché d’un franc-maçon venu de la gauche. Elu grand maître du Grand Orient à 38 ans, en 2000, Alain Bauer cumule plusieurs vies, qu’il se plaît parfois à enjoliver. S’il assure avoir appartenu au cabinet de Michel Rocard à Matignon entre 1988 et 1991, les conseillers qui y travaillaient quotidiennement, eux, ne gardent pas ce souvenir. « Depuis longtemps gravitaient dans l’orbite de Rocard trois jeunes gens très intelligents et très carriéristes, se souvient un collaborateur de toujours de l’ancien Premier ministre. Alain Bauer, Manuel Valls, aujourd’hui député maire d’Evry, et Stéphane Fouks, le seul des trois à n’être pas franc-maçon. Ils s’étaient partagé le marché. Au premier l’influence, au deuxième la politique, au troisième le monde des affaires. [...] »

Alain Bauer est aussi criminologue. Chantre de la « tolérance zéro », il a vu son étoile monter à la fin des années 90, quand la théorie de l’« excuse sociale » n’a plus convaincu. Consulté à plusieurs reprises par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, il a su trouver le ton qu’il fallait pour retenir son attention.

Au printemps 2006, Nicolas Sarkozy lui demande de dresser une liste de grands maîtres qu’il pourrait inviter Place Beauvau. A l’époque, les deux hommes se vouvoient encore : « Est-ce que vous voudriez venir au déjeuner pour faire les présentations ? » demande le ministre. Bauer a déjà anticipé en téléphonant lui-même à chacun des intéressés. Il s’empresse donc d’accepter. [...]

Au cours d’une de leurs rencontres, à l’été 2006, il est surtout question de sécurité. Mais Bauer finit par apostropher le candidat à la présidentielle d’une façon assez « gonflée » : « Tu souffres d’un grave problème structurel. Tu penses que la République est comme une grande commode dans laquelle il y aurait plein de tiroirs que l’on ouvrirait les uns après les autres pour gérer le contenu de chacun. Tu as une image de libéral qui donne l’impression de ne pas être républicain. Personne d’autre parmi les candidats, pas même ceux d’extrême gauche, n’est susceptible comme toi d’être l’objet d’un procès en antirépublicanisme. Si tu continues, tu vas faire une campagne à cloche-pied. »

Sarko commence par s’agiter, signe d’agacement lorsqu’il entend ce diagnostic. Puis un grand silence s’installe dans le bureau, avant qu’il concède : « Tu as raison. »

Nouveau silence.

« Puisque tu es si intelligent, t’as qu’à me faire des propositions. »

Alain Bauer s’empresse de rédiger quelques feuillets où il invoque le drapeau, Valmy, Jaurès et Blum. Il l’envoie au ministre de l’Intérieur qui doit s’envoler pour Marseille, où il doit prononcer durant le premier week-end de septembre un grand discours de rentrée à l’occasion de l’université d’été des Jeunes populaires. Par curiosité, Alain Bauer écoute la radio le 3 septembre pour savoir si son nouveau champion a tenu compte de ses conseils. Et là, ses espoirs les plus fous sont dépassés. Il retrouve des passages entiers de la note qu’il a envoyée au candidat. Extraits : « Quand Jaurès disait aux lycéens : "Il faut que, par un surcroît d’efforts et par l’exaltation de toutes vos passions nobles, vous amassiez en votre âme des trésors inviolables", c’était le contraire du nivellement prôné par la gauche d’aujourd’hui. [...] . »

Puis, dans une très longue tirade, le mot République revient plusieurs fois par phrase-il sera prononcé plus de vingt fois par le candidat, avec notamment cette apostrophe : « Jeunes Français, la République est à vous. La République, c’est vous. »

Pour Sarkozy, c’est un triomphe : la salle se lève et applaudit comme jamais. Pour Bauer, c’est l’heure de gloire. Et, comme on ne change pas une équipe qui gagne, le ministre de l’Intérieur lui demande une trame de discours pour sa visite à Périgueux, la ville de Xavier Darcos, le 12 octobre. Sur cette terre maçonnique, le candidat prononcera un discours intitulé « Notre République ». Alain Bauer l’a truffé de références à Eugène Le Roy, écrivain, franc-maçon et auteur du célèbre « Jacquou le Croquant ». Il a mobilisé toutes les ressources du Grand Orient pour le nourrir et a même mis à contribution le directeur de la bibliothèque de l’obédience.

Mais l’ancien grand maître du Grand Orient n’est pas seulement devenu l’inspirateur du ministre de l’Intérieur. Il a fait aussi fonction, à l’occasion, de tour operator. Entre le discours de Marseille et celui de Périgueux, le futur président s’envole pour les Etats-Unis. Une visite très symbolique. Depuis le discours de Dominique de Villepin à l’Onu, en mars 2003, pour s’opposer à la guerre en Irak, la cote de la France est au plus bas. Il s’agit de la faire remonter, de se montrer gracieux avec toutes les incarnations de l’Amérique éternelle. La date du voyage n’a pas été choisie par hasard : Nicolas Sarkozy sera sur place le 11 septembre, tout un symbole.

Qui peut mettre du liant entre le ministre de l’Intérieur et l’administration de George Bush ? L’ambassadeur à Washington Jean-David Levitte, bien entendu. Surnommé « diplomator » , on le dit capable de réconcilier les pires ennemis. Mais un autre gentil organisateur se mêle de recoller les morceaux après la grande fâcherie de 2003. Alain Bauer a vécu aux Etats-Unis, où il a travaillé pour une entreprise de sécurité. Ses détracteurs assurent même qu’il s’agissait d’une couverture de la CIA ou, plus piquant encore, de la NSA, la très secrète National Security Agency. Le principal intéressé balaie ces allégations avec un amusement théâtral.

Dans le cadre de ses activités de consultant spécialisé dans la sécurité, il a en revanche un contrat avec la police de New York, le célèbre NYPD. Il planifie donc une rencontre avec remise de médaille à Raymond Kelly, patron de la police new-yorkaise, le samedi 9 septembre, tandis que le 10, veille de la date anniversaire, une visite est prévue à la caserne des pompiers. Il laisse aussi entendre que ses contacts à la Maison-Blanche n’ont pas été inutiles. Il s’associe aussi à la collecte de fonds et de soutiens, à l’occasion d’un dîner chic à Manhattan en l’honneur du candidat de la droite, où même les gauchistes de Park Avenue le trouvent délicieusement plus fréquentable que Ségolène Royal.

Présidentielle : jamais sans mes frères

« C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République que les deux principaux candidats ont autant de francs-maçons dans leur entourage le plus proche », se réjouit Pierre Mollier, directeur de la bibliothèque et du musée de la Franc-Maçonnerie au Grand Orient de France, pendant la campagne présidentielle. [...] Mais s’il se montre si satisfait, c’est que même dans l’entourage de Nicolas Sarkozy on trouve des frères du GO, traditionnellement ancrés plutôt à gauche. [...] Côté Ségolène, l’un de ses soutiens de la première heure a été le sénateur maire de Lyon Gérard Collomb [...] Le codirecteur de campagne François Rebsamen [...] a conservé un réseau très vivace au sein des loges ; tout comme le Marseillais Patrick Mennucci [...] Sans ce maillage, le ralliement de Jack Lang à la présidente de Poitou-Charentes n’aurait pas été aussi rapide. [...] la politique, même au plus haut niveau, est parfois simple comme une tenue en loge !

« Un Etat dans l’Etat », de Sophie Coignard (Albin Michel, 336 pages, 20 E)

A droite, silence radio

Renaud Dutreil

Il a été député, ministre et fut même le premier président de l'UMP lors de sa création, en 2002. Initié à la GLNF, il a toujours nié cette appartenance. Après son échec aux municipales à Reims, en 2008, il s'est éloigné de la politique pour diriger la filiale de LVMH aux Etats-Unis.

Patrick Devedjian

Le ministre de la Relance ne fréquente plus les loges et dément avoir été franc-maçon. Une attitude qui déçoit de nombreux frères. Au début de sa carrière, en revanche, le jeune député maire d'Antony ne se dissimulait guère puisqu'il a même adhéré à la Fraternelle parlementaire.

Brice Hortefeux

« Never explain, never complain » : ce pourrait être la devise du plus ancien ami de Nicolas Sarkozy. Puisque beaucoup de frères assurent l'avoir croisé en loge, il a choisi de ne pas commenter. Ni démenti ni confirmation : une attitude prudente de la part du ministre des Affaires sociales.

Alain Lambert

Candidat « libre » à la présidence du Sénat, puisqu'il a refusé de se soumettre à la primaire de l'UMP, il assure n'avoir jamais été franc-maçon. La discrétion de l'ancien ministre du Budget de Raffarin est respectée, y compris par ses frères de la GLNF, qui apprécient cet homme de convictions.

A chacun son grand maître

Un point commun entre les trois derniers présidents de la République : chacun avait son grand maître. Pour Giscard, c'était Jean-Pierre Prouteau, premier patron du Grand Orient à s'être prononcé en faveur d'un candidat de droite. Mitterrand, lui, avait un admirateur inconditionnel en la personne de Roger Leray, un ancien ouvrier ajusteur qui a incarné l'une des vertus que la franc-maçonnerie ne pratique plus assez, celle de l'ascenseur social. Mitterrandolâtre sans retenue, Roger Leray n'a jamais perdu une occasion de clamer son admiration pour l'ancien chef de l'Etat, même quand il a été nommé par Michel Rocard, alors Premier ministre, membre de la mission de réconciliation sur la Nouvelle-Calédonie. Chirac, lui, avait Michel Baroin, l'ancien commissaire des Renseignements généraux venu infiltrer le Grand Orient et qui a si bien rempli sa mission qu'il en est devenu le patron. Mais, quand Chirac remporte, à la troisième tentative, l'élection présidentielle, Baroin a quitté ce monde depuis longtemps, victime d'un accident d'avion au Cameroun

A gauche, on laisse dire

Manuel Valls

Lorsqu'il était jeune rocardien, dans les années 80, Manuel Valls se promenait rarement sans ses deux acolytes Alain Bauer et Stéphane Fouks. Le premier devint grand maître du Grand Orient de France, obédience à laquelle le député maire d'Evry a adhéré, avant de prendre du champ.

Jean-Luc Mélenchon

Le sénateur de l'Essonne et fondateur du Parti de gauche incarne à la perfection une idée de la franc-maçonnerie éprise de laïcité, même s'il n'aime pas s'exprimer publiquement sur son appartenance. Il défend une vision de la République incompatible avec le régionalisme.

Henri Emmanuelli

Député des Landes depuis mars 1978, Henri Emmanuelli, ancien ministre, ancien président de l'Assemblée nationale, n'a jamais fait étalage de son appartenance. Mais, comme beaucoup de parlementaires de gauche, il l'assume puisqu'il a siégé longtemps à la Fraternelle parlementaire.

François Rebsamen

Le lieutenant de Ségolène Royal, qui fut longtemps le numéro deux du PS, est très connu au Grand Orient de France. Même s'il assure s'être mis en sommeil depuis son élection à la mairie de Dijon, en 2001, il conserve de nombreux contacts au sein de la première obédience française.

Les grandes obédiences

Grand Orient de France grand maître : Pierre Lambicchi, 50 000 membres,masculine.

Grande Loge nationale française grand maître : François Stifani, avocat, 41 000 membres,masculine.

Grande Loge de France grand maître : Alain Graesel, consultant et enseignant, 30 000 membres, masculine.

Grande Loge féminine de France grande maîtresse : Yvette Nicolas, ancienne assistante de Raymond Barre, 12 500 membres,féminine.

Fédération française du droit humain (DH) grand maître : Michel Payen, proviseur de lycée,16 000 membres,mixte.

La rumeur giscard

Côté Grande Loge, la légende raconte qu'en 1975 Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur et homme de confiance de Giscard, convoque le docteur Pierre Simon, grand maître de la GLDF, pour lui montrer le compte rendu d'une écoute téléphonique qui désigne un autre haut dignitaire de son obédience, un concurrent en quelque sorte, comme informateur de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute . C'est de cette rencontre que seraient nées les premières conversations. Elles ont cessé lorsque Pierre Simon a perdu son poste, à la fin de l'année 1975. Ces échanges sont avérés. Aucun élément ne permet d'assurer qu'ils portaient sur une éventuelle initiation du président.

Cette rumeur persistante vient peut-être de la déformation d'une histoire, vraie celle-ci : la candidature avortée de VGE au Jockey Club, où de bonnes âmes ont eu la courtoisie de le dissuader de se soumettre formellement aux suffrages de ses distingués membres, lui assurant qu'il serait impitoyablement « blackboulé » (1)

mercredi 15 avril 2009

HADOPI contacter-son-depute HOWTO

HADOPI contacter-son-depute HOWTO

From La Quadrature du Net



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Voici quelques conseils pour faciliter le contact avec son député afin de l'informer sur les enjeux de la loi HADOPI ("Création et Internet").

N'hésitez pas à éditer cette page pour y ajouter vos propres conseils et retours d'expérience.



Contents

[hide]

[edit] Pourquoi ?

  • La loi HADOPI est inefficace, inapplicable et dangereuse.

  • Permettre à des industries, sous quelque prétexte que ce soit, de faire la police elles-mêmes est une mauvaise idée, et incompatible avec les règles démocratiques d'un état de droit.

  • C'est une mauvaise réponse à un faux problème : aucun lien n'est démontré sérieusement entre l'échange de fichiers et la baisse des ventes. Pas plus qu'il n'est prouvé que les internautes dissuadés iront acheter plus.

  • La mise en place d'une justice administrative, parallèle, est inquiétante quant au respect de la séparation des pouvoirs.

  • La "justice" HADOPI ne donne pas accès à un procès équitable et une procédure contradictoire.

  • l'HADOPI instruit sur des "preuves numériques"

  • La sanction est brutale et disproportionnée.

Pour plus détails, consulter le dossier complet, la note synthétique et le tableau de bord HADOPI sur le site principal

[edit] Qui ?

  • Appelez en priorité le député de votre circonscription.

  • Vous pouvez aussi contacter les présidents et vices-président de groupes pour les inciter à appeler leur groupe à rejeter la loi.

Les coordonnées de tous les députés sont disponibles sur "Mémoire Politique". (Voir par exemple les députés par département ou les députés par nom)

Vous y trouverez également les prises de positions des uns et des autres au moment de la loi DADVSI, ce qui aidera à contextualiser votre contact.

[edit] Comment ?

  • Un coup de fil est 100 fois plus efficace qu'un courrier électronique. Un coup de fil est plus personnel et beaucoup plus dur à éviter. Une bonne technique consiste à envoyer un courrier électronique, puis appeler quelques minutes après pour demander s'il a bien été reçu et poser des questions à son sujet.

  • Un courrier électronique copié/collé a un impact négatif : cela affaiblit le contenu et le fait ressembler à du spam. Il vaut toujours mieux envoyer des courriers personnalisés, même s'ils sont écrits dans un style personnel.

  • En appelant présentez-vous et précisez que vous habitez dans la circonscription de votre député, et que vous avez voté pour lui. Cela personnalise le débat.

  • Demandez un rendez-vous avec votre député. L'échange en face à face est le moyen le plus efficace de transmettre des idées. Plus cela montre votre détermination et l'intérêt que vous portez au dossier.

  • La plupart du temps la personne qui répondra est un(e) assistant(e). Ce sont des jeunes gens intelligents, qui comprennent souvent l'importance de ces enjeux, car la plupart utilisent Internet tous les jours.

  • Toujours rester poli ! Rester calme au téléphone, même si votre interlocuteur débite un discours pré-fabriqué.

  • Si vous ne trouvez pas la réponse à une question qui vous est posée, n'hésitez pas à dire que vous rappellerez plus tard. Vous pouvez également nous contacter pour avoir des conseils ou des réponses à vos questions.

  • Dites que vous êtes opposé à cette loi qui en l'état n'apporte pas de garantie pour le respect des libertés fondamentales. Demandez des garanties sur l'engagement du député, en précisant que vous suivrez les débats et les votes. (Demandez si le député va s'opposer à la loi ? Voter contre ? Va-t-il voter en faveur de dispositions rétablissant la procédure contradictoire : possibilité de contester dès le premier courrier électronique par exemple ?)

  • N'hésitez pas à rappeler, rappeler, et rappeler. :)

[edit] Quoi ?

  • Expliquer à votre député pourquoi le projet de loi HADOPI vous inquiète. S'il/elle est pro HADOPI, qu'elle vous explique ce qui justifie de voter une loi aussi rétrograde et liberticide.

  • Demander à votre député de voter, selon sa couleur politique, pour les amendements déposés par Jean Pierre Brard (PC), Patrick Bloche (PS), Christian Paul (PS), Martine Billard(Vert), Lionel Tardy (UMP).

[edit] Exemple de conversation téléphonique

  • VOUS: "Bonjour, je suis (Prénom, Nom), j'habite à (Ville), je suis (profession ou occupation), et je viens de vous envoyer un courrier électronique au sujet de la loi "création et internet". L'avez-vous bien reçu ? Avez-vous pris connaissance du dossier de La Quadrature du Net ?"

  • BUREAU-DU-DÉPUTÉ: "Bonjour, M./Mme (député) est très occupé(e) en ce moment. Nous recevons beaucoup de mail à ce sujet. Nous vous recontacterons."

  • VOUS: "Attendez, j'ai voté pour M./Mme (député) et j'aimerais tout de même savoir. Que pense M./Mme (député) de cette loi ? Et plus particulièrement du fait que la procédure étant basée uniquement sur des relevés informatiques, elle condamnera inévitablement des innocents, et que les utilisateurs éduqués à la technique peuvent très facilement la contourner ?

  • BUREAU-DU-DÉPUTÉ:"M./Mme (député) pense que ce texte de loi est un texte pédagogique qui aidera à endiguer le fléau du piratage qui tue les artistes."

  • VOUS: "Le problème est que cela ne peut pas marcher : les preuves collectées sont faibles et impossibles à contester. comment peut-on confier la détection d'infraction, qui relève de la mission de la police, à des acteurs privés ?"

  • BUREAU-DU-DÉPUTÉ: "Si cela décourage certains 'pirates', cela sera déjà bien !"

  • VOUS: "Il y a un grave problème de séparation des pouvoirs. Personne n'a jamais prouvé sérieusement que des gens dissuadés iraient acheter plus de disques et de fichiers, pas plus qu'aucune étude sérieuse n'a démontré que les échanges sont la cause principale de la crise du disque (et l'industrie du film se porte plutôt bien !). Il existe pourtant de nombreuses études scientifiques (gouvernement canadien, gouvernement néerlandais, big champagne, m@rsouin) qui démontrent le contraire !"

  • BUREAU-DU-DÉPUTÉ: "Vous n'êtes qu'un pirate qui veut pirater, c'est du vol, du pillage, etc."

  • VOUS: "Quoi que vous et moi pensions de l'échange d'œuvres entre particuliers, ce qui est important c'est que cette loi violera des principes fondamentaux de notre droit, comme la présomption d'innocence, tout en étant absolument inefficace. Cette loi témoigne avant tout de l'incompréhension totale qu'a le gouvernement d'Internet et des technologies numériques. Les forums grondent d'arguments pertinents contre cette loi, et personne qui connaît Internet n'est dupe de la rhétorique de la ministre Albanel. La France va de plus devenir la risée de ses voisins : la Suède, l'Allemagne et la Norvège ont déjà rejeté la riposte graduée, et la Nouvelle-Zélande, seul autre pays avec la France qui comptait l'adopter par voie législative, vient d'abandonner cette idée. Il faudrait vraiment que M./Mme (député) s'oppose à cette loi. Pouvez-vous lui transmettre mon courrier et mon appel s'il vous plaît, je rappellerai pour tenter de lui parler ou d'obtenir un rendez-vous."

  • à compléter...

[edit] Exemples de courriers aux députés

RAPPEL: Un courrier électronique copié/collé a un impact négatif : cela affaiblit le contenu et le fait ressembler à du spam. Il vaut toujours mieux envoyer des courriers personnalisés, même s'ils sont écrits dans un style personnel.

Ces exemples de courriers aux députés ne sont donc à considérer qu'à titre d'inspiration. N'hésitez toutefois pas à y ajouter les vôtres.


lundi 6 avril 2009

HADOPI : La désintégration du droit d’auteur. Daniel Vangarde, auteur–compositeur

HADOPI : La désintégration du droit d’auteur
Destruction et intranet II
Droit

Daniel Vangarde, auteur–compositeur, éditeur et producteur de chansons, père de "Daft Punk" Thomas et auteur du tube «D.I.S.C.O.» d'Ottawan, nous a envoyé cette tribune libre touchant au projet Création et Internet.

Le projet de loi visant à créer une “Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur Internet “ méconnaît les fondements du droit d’auteur, définis dans le code de la propriété intellectuelle. En matière de droit d’auteur, il n’existe qu’une autorité, celle de l’auteur (la racine du mot autorité, auctoritas, vient de auteur, auctor). L’autorité de l’auteur s’exerce à travers son droit (le droit d’auteur) de décider librement des conditions de divulgation*, d’exploitation et de représentation** de son œuvre. Or la diffusion d’une œuvre sur Internet est une représentation ***. L’autorité de l’auteur s’exerce donc notamment à travers le droit, qui lui appartient, de décider librement des conditions de diffusion de son œuvre sur internet.

La création d’une “Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres » sur internet, qui se substituerait à l’autorité de l’auteur, serait la négation même du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle. La légitimité de l’H.A.D.O.P.I. reposerait sur la désintégration du droit d’auteur. Une véritable bombe atomique culturelle... Le comble, c’est que cette “Haute Autorité“ censée assurer la “Protection des droits sur Internet“ serait créée dans le cadre du principe de la “riposte graduée“, qui, en langage militaire, vise à éviter l’usage prématuré de la bombe atomique.

Historiquement, ce ne serait pas la première fois qu’une loi autorise une institution de l’Etat à s’emparer du droit d’autoriser ou d’interdire la diffusion d’une œuvre, un droit qui appartient à l’auteur ou ses ayants droit. Ce cas de figure s’est produit au début de la Seconde Guerre mondiale, en vertu des pouvoirs spéciaux du gouvernement, dans le cadre du “décret complétant l’article 57 de loi du 11 juillet 1938 sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre“ ****, signé par le président de la république Albert Lebrun et le président du conseil Edouard Daladier.

Les temps ont changé. Nous ne sommes pas en guerre. Il est salutaire que le parlement européen vienne d’approuver par 481 voix contre 25, une recommandation qui stipule que l’accès à internet est un droit fondamental du citoyen et demande de procéder à l'adoption de la directive concernant des mesures pénales visant à l'application des droits de propriété intellectuelle “tout en interdisant, en vue de cet objectif, le contrôle et la surveillance systématiques de toutes les activités des utilisateurs sur Internet“ (art.1.Ll). Le projet de “riposte graduée“ est basé sur le contrôle et la surveillance systématiques des utilisateurs d’internet.

* “L’auteur a seul le droit de divulguer son oeuvre. Il détermine le procédé de divulgation et fixe les conditions de celle-ci“ (art. L.121-2 du CPI).
** “Le droit d'exploitation appartenant à l'auteur comprend le droit de représentation et le droit de reproduction" (art. L. 122-1 du CPI).
*** “La représentation consiste dans la communication de l'œuvre au public par un procédé quelconque (...)“ (art. L. 122-1 du CPI).
**** Voir extrait ci-dessous, le “service général d’informations“ qui se substitue en 1939 à l’autorité de l’auteur deviendra en 1940, sous Laval, le ministère de la propagande.

décret temps de guerre

samedi 4 avril 2009

Nous n’adopterons pas Hadopi !

Nous n’adopterons pas Hadopi !

Beaucoup de choses sont révoltantes dans ce qu’il s’est passé, tant au niveau du contenu de cette loi que de son passage en force.

Ce jeudi 2 avril restera sans doute dans nos mémoires comme le jour le plus inutile de l’année 2009. La loi Hadopi (ou ’’le Monstre’’ comme on dit à la Quadrature du net) a été adoptée à l’assemblée nationale qui était quasi-vide : 16 députés seulement étaient présents.

Comme vous le savez Kassandre est née dans ce contexte tendu sur les questions du téléchargement et de l’échange d’œuvres sur Internet, nous défendons un cinéma loin (bien loin) des verrouillages numériques et des lois qui font la chasse aux internautes. Ainsi nous nous sommes positionnés tout de suite très clairement contre la loi Hadopi.

Beaucoup de choses sont révoltantes dans ce qu’il s’est passé, tant au niveau du contenu de cette loi que de son passage en force.

Rappelez-vous ; Nous nous sommes émus de la censure de Philippe Aigrain aux "Assises du Piratage", nous avons rit de l’offre légale de Luc Besson (puis les chiffres du CNC sont venus confirmer nos propos) et pendant ce temps l’inconséquent Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP, préparait l’opinion publique à l’amalgame "Pirate = Terroriste". Alors nous avons diffusé un film libre sur la loi Hadopi.

Cette loi, dictée par une industrie qui croit relancer ses bénéfices par la menace et la répression, s’est illustrée aussi dans la négation pure et simple des licences libres, que ce soit sur les plans du logiciel ou de l’artistique. Au delà du fait que Christine Albanel ne maîtrise absolument pas le sujet, l’instauration par la loi Hadopi d’une formation (sanctionnée d’un diplôme) aux collégiens sur "sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres culturelles" est proprement scandaleuse : c’est nier que des milliers d’artistes utilisent internet pour diffuser leurs œuvres sous licences Art-Libre ou Creative Commons (Dogmazic pour la musique, InLibroVeritas pour la littérature, Kassandre le cinéma, et d’autres initiatives en France et dans le Monde...). Le rejet de l’amendement de la députée Martine Billard visant à équilibrer le "diplôme" est la démonstration la plus évidente de l’autorité des Majors sur cette loi.

Nous n’adopterons pas Hadopi !

Nous souhaitons que les professeurs de collège à faire acte de désobéissance civile quand à l’application de ce "diplôme" partisan soit nombreux. Et nous faisons savoir que nous nous tenons disponibles pour nous déplacer dans les collèges pour des interventions pédagogiques sur l’utilisation positive d’internet grâce aux licences libres.

Nous espérons que la loi sera recalée au Conseil Constitutionnel, mais quoiqu’il advienne et n’en déplaise à Luc Besson nous continuerons notre action : réunir et défendre les cinéastes qui ont fait le choix de distribuer librement leurs créations.

Bien à vous.

Kassandre.

vendredi 3 avril 2009

Déclaration d'indépendance du Cybermonde


Déclaration d'indépendance du Cybermonde
par John Perry Barlow

<barlow@eff.org>


HIER, le grand invertébré de la Maison-Blanche

a apposé son sceau sur la loi de «réforme» des télécommunications de 1996 (1), tandis que Tipper Gore prenait des photographies numériques de l'événement pour les faire figurer dans un livre intitulé: Vingt-quatre heures dans le cyberespace.

On m'avait demandé de participer,moi aussi, à la rédaction de ce livre

en écrivant un texte pour la circonstance. Étant donné le monstrueux traitement que cette loi se propose d'infliger au Net, j'ai décidé que le moment était aussi bien choisi qu'un autre pour apporter un peu d'eau au moulin virtuel.

Après tout, la loi sur la «réforme» des télécommunications (2), adoptée par le Sénat avec seulement cinq voix contre, rend illégal et passible d'une amende de 250 000 dollars le fait de dire «merde» en ligne ou n'importe lequel des sept autres gros mots (3) qu'il est interdit de prononcer dans les médias; ou encore de parler explicitement de l'avortement, ou d'évoquer les diverses fonctions corporelles autrement qu'en termes strictement cliniques.

Cette loi tente de soumettre la conversation dans le cyberespace à des contraintes plus sévères que celles actuellement en vigueur dans la caféteria du Sénat, où j'ai eu l'occasion de dîner plusieurs fois et où j'ai toujours entendu des représentants du Sénat des États-Unis d'Amérique parler en employant des expressions fort colorées et indécentes.

Ce projet de loi a été mis en oeuvre contre nous par des gens qui n'ont pas la moindre idée de ce que nous sommes, ni de la nature de nos conversations. Comme le dirait mon cher ami Louis Rossetto, rédacteur en chef de Wired (4), «c'est comme si des analphabètes venaient vous dire ce qu'il faut lire».

Eh bien, qu'ils aillent se faire foutre.

Ou, plus exactement, qu'ils sachent que nous prenons congé d'eux. Ils ont déclaré la guerre au cyberespace; montrons-leur combien nous pouvons être astucieux, déroutants et puissants pour nous défendre.

J'ai écrit un texte (d'une solennité de circonstance) qui, je l'espère, deviendra l'un des nombreux moyens susceptibles d'y contribuer. Si vous le jugez utile, j'espère que vous le diffuserez aussi largement que possible. Vous pouvez retirer mon nom si cela vous arrange; je ne me soucie vraiment pas d'être mentionné.

J'espère bien, en revanche, que ce cri va résonner dans le cyberespace, en se modifiant, en grandissant et en se dupliquant, jusqu'à ce qu'il devienne un énorme vacarme, à la mesure de cette loi imbécile qu'ils viennent de préparer contre nous.

Je vous donne uneŠ

DECLARATION D'INDEPENDANCE DU CYBERESPACE (5)

Gouvernements du monde industriel, géants fatigués de chair et d'acier, je viens du cyberespace, nouvelle demeure de l'esprit. Au nom de l'avenir, je vous demande, à vous qui êtes du passé, de nous laisser tranquilles. Vous n'êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous n'avez aucun droit de souveraineté sur nos lieux de rencontre.

Nous n'avons pas de gouvernement élu et nous ne sommes pas près d'en avoir un, aussi je m'adresse à vous avec la seule autorité que donne la liberté elle-même lorsqu'elle s'exprime. Je déclare que l'espace social global que nous construisons est indépendant, par nature, de la tyrannie que vous cherchez à nous imposer. Vous n'avez pas le droit moral de nous donner des ordres et vous ne disposez d'aucun moyen de contrainte que nous ayons de vraies raisons de craindre.

Les gouvernements tirent leur pouvoir légitime du consentement des gouvernés. Vous ne nous l'avez pas demandé et nous ne vous l'avons pas donné. Vous n'avez pas été conviés. Vous ne nous connaissez pas et vous ignorez tout de notre monde. Le cyberespace n'est pas borné par vos frontières. Ne croyez pas que vous puissiez le construire, comme s'il s'agissait d'un projet de construction publique. Vous ne le pouvez pas. C'est un acte de la nature et il se développe grâce à nos actions collectives.

Vous n'avez pas pris part à notre grande conversation, qui ne cesse de croître, et vous n'avez pas créé la richesse de nos marchés. Vous ne connaissez ni notre culture, ni notre éthique, ni les codes non écrits qui font déjà de notre société un monde plus ordonné que celui que vous pourriez obtenir en imposant toutes vos règles.

Vous prétendez que des problèmes se posent parmi nous et qu'il est nécessaire que vous les régliez. Vous utilisez ce prétexte pour envahir notre territoire. Nombre de ces problèmes n'ont aucune existence. Lorsque de véritables conflits se produiront, lorsque des erreurs seront commises, nous les identifierons et nous les réglerons par nos propres moyens. Nous établissons notre propre contrat social. L'autorité y sera définie selon les conditions de notre monde et non du vôtre. Notre monde est différent.

Le cyberespace est constitué par des échanges, des relations, et par la pensée elle-même, déployée comme une vague qui s'élève dans le réseau de nos communications. Notre monde est à la fois partout et nulle part, mais il n'est pas là où vivent les corps.

Nous créons un monde où tous peuvent entrer, sans privilège ni préjugé dicté par la race, le pouvoir économique, la puissance militaire ou le lieu de naissance.

Nous créons un monde où chacun, où qu'il se trouve, peut exprimer ses idées, aussi singulières qu'elles puissent être, sans craindre d'être réduit au silence ou à une norme.

Vos notions juridiques de propriété, d'expression, d'identité, de mouvement et de contexte ne s'appliquent pas à nous. Elles se fondent sur la matière. Ici, il n'y a pas de matière.

Nos identités n'ont pas de corps; ainsi, contrairement à vous, nous ne pouvons obtenir l'ordre par la contrainte physique. Nous croyons que l'autorité naîtra parmi nous de l'éthique, de l'intérêt individuel éclairé et du bien public. Nos identités peuvent être réparties sur un grand nombre de vos juridictions. La seule loi que toutes les cultures qui nous constituent s'accordent à reconnaître de façon générale est la Règle d'Or (6). Nous espérons que nous serons capables d'élaborer nos solutions particulières sur cette base. Mais nous ne pouvons pas accepter les solutions que vous tentez de nous imposer.

Aux États-Unis, vous avez aujourd'hui créé une loi, la loi sur la réforme des télécommunications, qui viole votre propre Constitution et représente une insulte aux rêves de Jefferson, Washington, Mill, Madison, Tocqueville et Brandeis (7). Ces rêves doivent désormais renaître en nous.

Vous êtes terrifiés par vos propres enfants, parce qu'ils sont les habitants d'un monde où vous ne serez jamais que des étrangers. Parce que vous les craignez, vous confiez la responsabilité parentale, que vous êtes trop lâches pour prendre en charge vous-mêmes, à vos bureaucraties. Dans notre monde, tous les sentiments, toutes les expressions de l'humanité, des plus vils aux plus angéliques, font partie d'un ensemble homogène, la conversation globale informatique. Nous ne pouvons pas séparer l'air qui suffoque de l'air dans lequel battent les ailes.

En Chine, en Allemagne, en France, en Russie, à Singapour, en Italie et aux États-Unis (8), vous vous efforcez de repousser le virus de la liberté en érigeant des postes de garde aux frontières du cyberespace. Ils peuvent vous préserver de la contagion pendant quelque temps, mais ils n'auront aucune efficacité dans un monde qui sera bientôt couvert de médias informatiques.

Vos industries de l'information toujours plus obsolètes voudraient se perpétuer en proposant des lois, en Amérique et ailleurs, qui prétendent définir des droits de propriété sur la parole elle-même dans le monde entier. Ces lois voudraient faire des idées un produit industriel quelconque, sans plus de noblesse qu'un morceau de fonte. Dans notre monde, tout ce que l'esprit humain est capable de créer peut être reproduit et diffusé à l'infini sans que cela ne coûte rien. La transmission globale de la pensée n'a plus besoin de vos usines pour s'accomplir.

Ces mesures toujours plus hostiles et colonialistes nous mettent dans une situation identique à celle qu'ont connue autrefois les amis de la liberté et de l'autodétermination, qui ont eu à rejeter l'autorité de pouvoirs distants et mal informés. Nous devons déclarer nos subjectivités virtuelles étrangères à votre souveraineté, même si nous continuons à consentir à ce que vous ayez le pouvoir sur nos corps. Nous nous répandrons sur la planète, si bien que personne ne pourra arrêter nos pensées.

Nous allons créer une civilisation de l'esprit dans le cyberespace. Puisse-t-elle être plus humaine et plus juste que le monde que vos gouvernements ont créé.

Davos (Suisse), le 8 février 1996.

John Perry Barlow, Cognitive Dissident Co-Founder, Electronic Frontier Foundation Home (stead) Page: http://www.eff.org /~barlow Message Service: 800/634-3542 Barlow in Meatspace Today (until Feb 12): Cannes, France Hotel Martinez: (33) 92 98 73 00, Fax: (33) 93 39 67 82 Coming soon to: Amsterdam 2/13-14, Winston-Salem 2/15, San Francisco 2/16-20, San Jose 2/21, San Francisco 2/21-23, Pinedale, Wyoming¶.

**************************In Memoriam, Dr. Cynthia Horner et Jerry Garcia ***********************

Seule l'erreur a besoin d'un soutien gouvernemental.La vérité sait se défendre elle-même. Thomas Jefferson, Notes sur la Virginie.¶

Notes

*N.d.e. Article posté depuis Davos en Suisse dans un forum de discussion le 9 février 1996.Le message original est archivé à l'adresse suivante: www.eff.org/pub/Publications/John_Perry_Barlow/barlow_0296.declaration.Traduit par Jean-Marc Mandosio.

1.N.d.e.Loi de libéralisation du secteur des télécommunications. (R)

2.N.d.e.Le Communications Decency Act (CDA), intégré au Telecommunication Act, visait à censurer certains contenus offensants. De nombreux articles et liens sur cette loi sont disponibles sur le site web de l'Electronic Frontier Foundation (R)

3.N.d.e.Shit, piss, fuck, cunt, cocksucker, motherfucker, et tits. En français châtié: merde, pisse, niquer, chatte, suceur de bite, enculeur de maman, nichons. Un jugement de la Cour suprême datant de 1978 interdisait d'utiliser ces mots à la radio ou à la télévision. Le CDA visait à étendre cette interdiction à l'Internet. (R)

4.Wired:Mensuel américain de la cyberculture largement financé par les géants de l'informatique (R)

5.N.d.e.Barlow, très imprégné par les valeurs de la culture américaine, fait ici explicitement référence à la Déclaration d'indépendance américaine. Sa perception du cybermonde est, au sens propre, celle d'un Nouveau Monde. (R)

6.N.d.e.Barlow fait ici référence à la Netiquette, qui est une sorte de code de déontologie que se sont donnés les internautes : voir Lexique pp.482-483. (R)

7.N.d.e.Les hauts cris de Barlow, et d'autres défenseurs des libertés publiques, ont porté leurs fruits: en juin 1997, après plusieurs mois de bataille juridique, la Cour suprême a jugé la partie du Telecommunications Act concernant l'expression sur l'Internet incompatible avec le premier amendement de la Constitution américaine. (R)

8.N.d.e.Tous ces pays tentaient de contrôler les communications sur l'Internet, d'une manière ou d'une autre et avec plus moins de fermeté, à l'époque où John Perry Barlow a écrit sa «Déclaration d'indépendance». (R)

La loi Hadopi votée à la sauvette par 16 députés !

Alors que le vote n'était pas prévu avant la semaine prochaine, les quelques députés présents à l'hémicycle à la fin de la discussion sur la loi Création et Internet ont été priés de passer immédiatement au vote, contrairement à l'usage. La loi a été adoptée, en attendant son passage en CMP puis au Conseil Constitutionnel.

On peine à en croire la démocratie dans laquelle on prétend vivre et écrire. Après 41 heures et 40 minutes d'une discussion passionnée sur le texte, il ne restait qu'une poignée de courageux députés autour de 22H45 jeudi soir lorsque l'Assemblée Nationale a décidé, sur instruction du secrétaire d'Etat Roger Karoutchi, de passer immédiatement au vote de la loi Création et Internet, qui n'était pas attendu avant la semaine prochaine. Un fait exceptionnel, qui permet de masquer le nombre important de députés UMP qui se seraient abstenus si le vote s'était fait, comme le veut la tradition, après les questions au gouvernment mardi soir. Ainsi l'a voulu Nicolas Sarkozy.

Les protestations du centriste Jean Dionis du Séjour n'y ont rien changé. "On est 2,5 % du Parlement", constatait-il pourtant d'un rapide calcul désolé, lui qui fut l'un des rares députés à avoir été omniprésent dans l'hémicycle pendant toute la durée du débat. Mais il a alors appris que son président de groupe François Sauvadet, qui lui ne s'est pas présenté une seule fois au débat, avait donné son accord pour ne pas fixer de date ultérieure à un vote solennel. Quant aux députés socialistes, à l'attitude décidémment bien ambigue, ils n'ont pas jugé utile de s'en émouvoir. Emballez, c'est voté. Quatre députés ont voté non (Martine Billard, Patrick Bloche et deux députés non identifiés), et une dizaine de mains se sont levées sur les bancs de la majorité pour voter oui. En tout, 16 députés étaient dans l'hémicycle au moment du vote.

Ca n'est pourtant pas rien qu'ont adopté les députés, en attendant le vote final qui suivra la Commission Mixte Paritaire du 9 avril, chargée de concilier les quelques divergences entre le Sénat et l'Assemblée.

Dans le seul et unique but affiché de protéger les intérêts d'une partie de l'industrie culturelle (et non des artistes), les députés ont créé un tribunal d'exception, l'Hadopi, qui aura pour charge d'avertir et de sanctionner des internautes dont le seul tort avéré aura été que leur adresse IP apparaisse sur des relevés d'infractions effectués, on ne sait trop par quelle méthode, par des ayants droit. Même si l'on connaît d'ores-et-déjà l'énorme risque de faux positif, le seul moyen pour l'internaute innocent de plaider sa bonne foi auprès de l'Hadopi sera d'avoir installé au préalable un logiciel de sécurisation labellisé par l'Etat, qui sera contrôlé à distance et en permanence par une société privée. Un véritable spyware imposé par l'Etat, aux conséquences funestes, qui révèle en réalité le but principal de la loi : obliger chaque internaute à équiper son ordinateur d'un filtre, qui permettra de cacher ces pirates que l'on ne saurait voir, et surtout demain, de sacrifier la liberté d'expression. Le tout en bafouant allègrement les droits de la défense, puisque malgré la mise en place d'une usine qui sera chargée d'envoyer 10.000 avertissements par jour et de prendre 1.000 décisions de suspension par jour, les internautes qui se sentent accusés à tort n'auront pas la possibilité de contester les accusations, ou alors uniquement après leur condamnation, sans suspension de la peine. Et bien sûr, sans qu'il soit matériellement possible de démontrer son innocence, pourtant réelle, sauf à produire d'improbables preuves qui n'en sont pas.

Et l'on nous dit que "tous les artistes" sont d'accord avec cela ? Qui peut le croire ?

En tant qu'internautes, la loi Création et Internet nous est totalement égale. Elle ne changera rien, ni pour les pirates qui ont déjà trouvé les failles ni pour les artistes qui ne mettront pas un centime de plus à leur déclaration d'impôts grâce à la riposte graduée. Mais en tant que citoyens, cette violation des principes qui fondent la République nous révulse. Elle aurait poussé, en d'autres temps, à l'insurrection. Et elle poussera, c'est certain, à la désobéissance civile. Si la démocratie étatique ne s'accomode pas d'Internet, l'Internet démocratique se fera sans l'Etat.

Sur le même sujet

mercredi 1 avril 2009

Hadopi : interview d'un chasseur d'adresses IP

Hadopi : interview d'un chasseur d'adresses IP
Guillaume Champeau - publié le Mercredi 01 Avril 2009 à 13h15 - posté dans Peer-to-Peer

La loi Création et Internet prévoit d'avertir de sanctionner automatiquement les internautes dont l'adresse IP est collectée sur les réseaux P2P. Mais qu'en pensent les spécialistes de la chasse aux infractions ? Nous avons interrogé Frédéric Aidouni, l'auteur du logiciel LogP2P utilisé par la gendarmerie et des services de police dans plusieurs pays pour détecter les échanges de contenus pédophiles. Il n'est pas tendre avec le projet de loi...

Numerama : Comment fonctionne concrètement la détection des adresses IP utilisées pour pirater des contenus sur Internet ?

Frédéric Aidouni : Tout dépend du protocole utilisé. Par exemple sur eDonkey, les fichiers sont reférencés par une clé, presque unique. Dans le cas de recherches massives, c'est elle qui est utilisée. On commence donc par créer une liste des clés que l'on recherche, puis on recherche les potentiels diffuseurs des fichiers associés à ces clés. Partant de cette liste de potentiels diffuseurs, il convient de vérifier auprès de chacun d'eux s'ils diffusent réellement les fichiers recherchés, c'est-à-dire qu'il faut les télécharger. Puis il faut les valider, les écouter ou les visionner, selon le type de média.

Il existe des technique de "validation automatique" mais j'ignore leur valeur juridique.

Dans le cas d'une hypothétique mise en oeuvre de l'Hadopi, il y a fort à parier que les enquêteurs se concentreront sur les diffuseurs massifs, car valider l'ensemble des fichiers potentiellement diffusés à un instant est l'affaire de plusieurs années... Et le système évolue à chaque minute.

L'Université de Washington est parvenue l'an dernier à faire accuser des imprimantes en réseau en injectant leur adresses IP dans des trackers BitTorrent. The Pirate Bay a également menacé d'injecter des adresses au hasard sur ses trackers. N'y a-t-il pas un risque de faux positifs sur les outils de détection utilisés par les ayants droit ?

Les risque de faux positifs sont faibles si les contenus sont récupérés (c'est-à-dire téléchargés, ndlr) et validés. J'insiste sur le fait qu'établir une liste de diffuseurs potentiel n'est pas suffisant. Je pense que le téléchargement lui même ne constituant qu'un commencement de preuve, la simple liste apparait comme un commencement de commencement de preuve... pas grand chose en fait.

S'agissant des injections de faux positifs, cela ne constitue que le début de la riposte. Qui peut être décisif si la loi indique qu'une liste de diffuseurs est suffisante. Il serait amusant que les utilisateurs de systèmes d'échanges pair-à-pair mettent en oeuvre des techniques que les ayants droit ont tenté d'utiliser il y a quelques années...

Quel impact peut avoir l'exigence de télécharger le contenu sur chacune des adresses IP pour éviter les faux positifs, en terme de coût et/ou de volume d'interception des adresses IP ?

C'est colossal. Tout dépend du mode opératoire utilisé par les enquêteurs, mais de toutes les façons il convient de télécharger des contenus pour valider le constat d'infraction. Or comme je l'ai dit, tenter de télécharger tout ce qui semble être diffusé est hypothétique, et de toute façon il n'en reste pas moins qu'au final, il faudrait saisir et analyser les disques (pour être certain de la culpabilité, ndlr).

Au moment où une adresse IP est interceptée, l'utilisateur peut-il avoir la certitude que le contenu qu'il télécharge est bien le contenu qu'il souhaite, ou peut-il télécharger un contenu contrefait en pensant télécharger autre chose ?

Cela arrive tous les jours. Il existe meme des sociétés qui possèdent des batteries de clients eMule/eDonkey qui diffusent des fichiers au nom "alléchant" dont le contenu n'est en fait qu'une publicité pour des services payants.

Le seul moyen d'éviter les faux-positifs est de valider à la fois la source et le contenu. En l'occurence, c'est ce que fait LogP2P depuis décembre 2002...

En cas de faux positif, le ministère de la Culture propose aux internautes de fournir leur disque dur comme preuve de leur bonne foi. Que pensez-vous de cette proposition ?

C'est absurde. A la fois parce-qu'elle est contraire aux usages puisque l'utilisateur n'a pas à prouver qu'il est innocent, mais plutôt qu'il n'est pas coupable. Ensuite parce qu'une infime fraction des utilisateurs d'ordinateurs sait ce qu'est un disque dur. Le reste des utilisateurs sait ou connait quelqu'un qui sait effacer toute trace.

Logp2p est-il déjà utilisé directement ou indirectement par des ayants droit, ou pourrait-il l'être dans la mise en oeuvre de la riposte graduée ?

Non, et oui. Mais non, ce ne sera pas le cas dans l'avenir. LogP2P vit sa vie depuis quelques années déjà, dans le cadre strictement de la lutte contre la diffusion de contenus à caractère pédo-pornographiques. Il vaudrait mieux demander à ceux qui l'ont financé et en détiennent les droits de diffusion, Action-Innocence, une ONG ... Suisse. Car en France, on prefère financer la protection des majors.

C'est d'ailleurs amusant que le financement d'un développeur pour réaliser ce type d'outil a coûté beaucoup moins cher que la campagne de communication du projet Hadopi. CQFD

En substance, tout cela ne tient pas debout. On ne voit jamais passer dans les motivations chiffrées des ayants droit qu'un seul nombre, la baisse globale. Jamais la ventilation par genres musicaux, par réalisateur ou
producteur. Est-ce que tout cette masquarade ne ressemble pas furieusement à un caprice d'épicier incompétent ? Ces épiciers au bras long se sont tirés dans le pied dans les années 1980, en sortant le premier lecteur de CD connectable à un ordinateur, sans envisager une seule minute les conséquences. J'ai ouvert des huitres hier soir qui étaient sacrement plus visionnaires ! N'importe quel observateur appellerait cela une erreur de gestion.

Alors il va y avoir des contre-mesures. Peut-être contournées. Jusqu'au moment où n'importe quel utilisateur de système d'échange de fichiers pair-à-pair sera anonyme. Les surcoûts en terme d'anonymisation seront
gentiment absorbés par les infrastructure de transport comme la fibre optique. Les diffuseurs de vidéos de viols de bébés seront désormais sereins, et qui sait, peut-être cet anonymat permettra-t-il à des réalisateurs en herbe de laisser libre court à leur envie de "films à la maison". Merci l'Hadopi.

Merci Frédéric

Quatre journalistes de Rue89 et France3 interrogés par la police

Affaire du "Sarkozy off"

Quatre journalistes de Rue89 et France3 interrogés par la police

Pierre Haski est sorti le dernier à 15h00. Tous parlent d'auditions « cordiales » mais « ridicules » sur la vidéo « Sarkozy off ».

PIerre Haski, Augustin Scalbert, Carine Azzopardi et Joseph Tual se rendent à leur convocation, mercredi (Audrey Cerdan/Rue89)

Depuis une semaine et l'arrivée des convocations dans les rédactions de Rue89 et de France3, la date du 1er avril était cochée. Ce mercredi, deux journalistes de Rue89 et deux journalistes de France3 se sont donc présentés à la police judiciaire, dans l'affaire de la vidéo de « Sarkozy off », suite à la plainte de la direction de France3, initiée sur pression de l'Elysée. (Voir la vidéo)

Objet du délit supposé pour les deux journalistes de Rue89, Pierre Haski et Augustin Scalbert : avoir diffusé sur Rue89 des propos de Nicolas Sarkozy, tenus avant le début de son interview sur France3, le 30 juin dernier. Leurs deux confrères de France3, Joseph Tual et Carine Azzopardi, sont eux soupçonnés de les y avoir aidé.

Quatre journalistes soutenus par une cinquantaine de leurs collègues, ce mercredi, devant le département de police judiciaire de la préfecture de police de Paris.

Particulièrement actifs, les syndicats de France Télévisions, aujourd'hui par la voix de Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT, sont venus dénoncer les méthodes de leur direction, et notamment l'utilisation par la police des bandes des caméras de vidéosurveillance présentes dans les locaux de France3 pour identifier les deux journalistes de la rédaction :

« Aujourd'hui, malheureusement nous savons que chaque aller et venue des journalistes 24 heures sur 24 dans les locaux sont épiés par des caméras de surveillance, violant ainsi le secret des sources car pouvant à tout moment se retrouver entre les mains de la police. »

« Dans le colimateur de Sarkozy »

D'autant que ces méthodes ont été utilisées pour dénoncer la diffusion d'une vidéo qui « est une information », se défend Augustin Scalbert. D'où le caractère rocambolesque de la plainte de la direction de France3 pour « vol, recel et contrefaçon », qui vise en fait « deux cibles », selon Pierre Haski :

« La remise au pas de France3 qui est une chaîne récalcitrante et qui est dans le colimateur de Sarkozy depuis longtemps. Et puis il y a un message adressé aux médias Internet, dont on voit bien que le pouvoir se méfie. »

Convoqués à 9h30, Joseph Tual, Carine Azzopardi et Augustin Scalbert sont sortis un à un entre 11h15 et 12h00. Aucun des trois n'a été mis en garde à vue et tous ont relaté une audition cordiale.

Ils ont essentiellement visionné des captures d'écran desdites bandes de vidéosurveillance. Joseph Tual a été filmé en train de discuter avec des collègues, et Carine Azzopardi avec une cassette à la main. Rien d'extraordinaire dans une rédaction de télévision.

Cette plainte « ne vaut rien »

A la sortie, les trois journalistes ont répondu aux questions de leurs confrères. Augustin Scalbert a indiqué qu'il n'avait évidemment pas révélé ses sources et Carine Azzopardi a qualifié de « ridicule » sa convocation.

Quant à Joseph Tual, il a expliqué en quoi cette plainte « ne vaut rien », revenant ensuite sur le fait que les policiers aient « beaucoup d'images vidéos gracieusement mises à disposition de leur enquête par nos patrons de France Télévisions, ce qui est totalement inadmissible ». (Voir la vidéo)

Convoqué lui à 14h00, Pierre Haski est ressorti de la police judicaire une heure plus tard, le temps d'une audition « rapide et sobre ». Le temps aussi de faire écrire sur le procès verbal qu'il s'agit d'une « plainte politique et qu'elle n'a rien à faire avec la propriété intellectuelle de France Télévisions ». (Voir la vidéo)

Au parquet maintenant de décider d'ordonner des poursuites ou de classer l'affaire sans suite.

Photo : Pierre Haski, Augustin Scalbert, Carine Azzopardi et Joseph Tual se rendent à leur convocation, mercredi (Audrey Cerdan/Rue89)

Mis à jour le 01/04/2009 à 15h55 après la sortie de Pierre Haski.