Nouveau test social pour Sarkozy
Face à la journée de mobilisation jeudi, Elysée et gouvernement affichent leur fermeté : pas de nouveau sommet social prévu mais application, au plus vite, des mesures décidées le 18 février.
Droit dans ses bottes : si le gouvernement surveillera à la loupe le nombre de manifestants qui battront le pavé jeudi, il a déjà répondu aux syndicats, qui rêvent de faire mieux que le 29 janvier (1 à 2,5 millions de personnes). Il n’y aura pas de nouvelles mesures, encore moins de relance par la consommation. « Il n’y a aucune raison d’avoir un nouveau sommet social », avertit l’Elysée.
Aujourd’hui, deux conseillers du chef de l’Etat, Raymond Soubie (Social) et Jean-Michel Goudard (Stratégie), ont convoqué plusieurs ministres à l’Elysée, dont certains de l’ex-G 7 ainsi que Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre de l’UMP. Objectif : visser la communication. Leur consigne : faire savoir que le gouvernement s’attelle à appliquer au plus vite les mesures décidées lors du sommet social du 18 février. Mercredi, Fillon a réuni plusieurs ministres à Matignon pour accélérer la marche. « La pression du président et du Premier ministre est forte pour qu’on lève les obstacles administratifs », confie Brice Hortefeux (Travail).
La colère monte
Parallèlement, l’Etat maintient le contact avec les syndicats. Cette semaine, Hortefeux a eu au téléphone Thibault (CGT), Chérèque (CFDT), Mailly (FO) et Voisin (CFTC). Quand on lui demande à quoi il s’attend jeudi, le ministre du Travail sourit : « Je ne suis pas chargé de la mobilisation ! » Mais il note que cette journée avait été annoncée en février avant même le sommet social, une « spécificité française ». Ni Sarkozy ni Fillon n’ont prévu de réagir à chaud jeudi. Ils seront à Bruxelles, pour le Conseil européen.
Reste que cette mobilisation intervient alors que le climat économique et social s’est dégradé. Et ce n’est pas fini : selon un ministre, les prévisions de plans sociaux à six semaines sont « effrayantes ». L’affaire Total a ajouté de l’huile sur le feu, avec 555 suppressions d’emplois annoncées, malgré des bénéfices records, provoquant un joli couac gouvernemental. A l’unisson de Laurent Wauquiez (Emploi), qui a crié au « scandale » et recevra des responsables de Total aujourd’hui, plusieurs ministres ont dénoncé en privé une « provocation ». C’était avant que François Fillon ne manifeste son soutien au groupe pétrolier. « La puissance du lobby Total est impressionnante… », s’étrangle un poids lourd du gouvernement. « Pas content » selon ses proches, Nicolas Sarkozy a demandé des précisions, mais est resté silencieux.
Plus que Total, c’est la montée de la colère sociale qui préoccupe l’exécutif : le PDG de Sony France séquestré, le patron de Continental Clairoix (Oise) reçu à jets d’œufs, des usines occupées par de futurs licenciés. « Ce qui nous inquiète, c’est la montée de la brutalité dans les entreprises », confie Eric Woerth (Budget). Hortefeux appelle au calme : « Les excès sont peut-être explicables, mais ils ne sont pas justifiables. »
Le Parisien
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