jeudi 13 août 2009

Francis Lalanne dégomme la loi Hadopi et l'industrie du disque ! Au bazooka...

Francis Lalanne dégomme la loi Hadopi et l'industrie du disque !
Au bazooka...
Hadopi

Francis Lalanne, le célèbre musicien-chanteur connu pour son côté atypique, est aussi engagé en politique. Cette double casquette a ainsi été l'occasion pour Philippe Vandel (celui de Canal+ et feu Nulle Part Ailleurs) de l'interroger sur France Info sur la loi Hadopi et l'industrie du disque en général.

En voici une transcription écrite partielle :

Francis Lalanne tres tres tres jeune Philippe Vandel : On va parler de la loi Hadopi (...) qui vise à protéger contre le téléchargement (...) les artistes et leurs droits d'auteur.

Francis Lalanne : c'est des conneries ça...

PV : Justement. (...) Vous vous êtes opposé à la création de cette loi. Pour quelle raison ?

FL : Pour une raison simple, c'est que cette loi n'a pas pour but de protéger les artistes. Pour protéger les artistes, il aurait fallu que l'industrie du disque fût gérée par des gens compétents, ce qui n'a jamais été le cas. Ça a toujours été des incompétents qui ont géré l'industrie du disque.

PV : Mais ce ne sont pas eux qui ont inventé Internet et le téléchargement.

FL : Non mais le téléchargement existe depuis la cassette vierge (NDLR : FL voulait dire le piratage ou la contrefaçon, et non le téléchargement). Tout ce monde là se fout des artistes, et les gens qui ont fait cette loi se foutent des artistes. Ils ont dévalorisé de la chanson en donnant de l'importance au support. (...) Vous remettez la même chanson, qu'on faisait passer d'un vinyle à un CD, et on te vendait plus cher le CD, mais la chanson c'était la même, et après on te faisait des compils, et on te vendait une troisième fois la même chose, de plus en plus cher.

Et à un moment donné, les gens qui continuent à acheter des disques régulièrement, avec le budget qu'ils ont pour ça, de toute façon qui achètent des disques trop chers, c'est vendu trois ou quatre fois trop cher un disque, et c'est aussi à cause de ça qu'il y a une crise du disque, ben ces gens là, ils choisissent d'acheter des disques qu'ils veulent, et de temps en temps, de télécharger des chansons. Exactement comme ils faisaient avec les cassettes vierges. Et parfois ils téléchargent et ils achètent ! Alors on va arrêter de parler de cette connerie et on va expliquer pourquoi il y a Hadopi.

Hadopi, c'est pas du tout pour protéger les artistes. Hadopi, c'est juste pour prendre le contrôle du Net.

PV : Hadopi, j'explique, c'est une haute autorité qui va gérer et surveiller le trafic sur Internet. Schématiquement.

FL : Ils vont pas surveiller, ils vont contrôler. C'est-à-dire qu'on est passé d'une société de surveillance à une société de contrôle. Big Brother is Watching Us. On est en plein Orwell dans 1984. (...) Maintenant, on se sert de la liberté de cet espace (NDLR : Internet) contre elle-même. (...) Et ça c'est la première mesure qui va être prise, il va y'en avoir des bien pires derrière, et des bien plus aliénantes pour le consommateur.

PV : Vous piratez des chansons ?

FL : Non.

PV : Et vous-mêmes êtes-vous piraté ?

FL : Oui je suis piraté, mon dernier disque a été acheté à 100 000 exemplaires, il a été piraté à peu près 950 000 fois (NDLR : un nombre dont nous aimerions bien connaître la source).

PV : C'est une joie, c'est un regret ?

FL : C'est un bonheur (...) que les gens aiment assez mes chansons pour les voler.

PV : J'entends bien ce que vous dites sur les prix. Je me souviens très bien que le prix du CD a doublé, alors qu'à fabriquer, ça coûte cinq fois moins cher qu'un vinyle. (NDLR : Philippe Vandel ne confondrait-il pas les coûts de fabrication du support et les coûts de production liés au contenu ?)

FL : Exactement.

PV : Pourquoi vous baissez pas le prix de vos disques vous-même ?

FL : C'est ce qui va arriver. Déjà j'en ai fini avec les maisons de disques, qui sont pour la plupart des voleurs.

(...)

PL : Y'a une jolie phrase de vous. Vous dites : "Plus j'aime mon métier, moins j'aime ma profession". Ça veut dire quoi ?

FL : Ce n'est pas une phrase de moi, mais de Jean-Luc Godard. Ça veut dire ce que ça veut dire. J'adore mon métier, mais je ne suis plus tout à fait certain que les gens qui en assurent la promotion et qui le structurent sur le plan professionnel méritent même d'en faire partie.

Philippe Vandel parle ensuite de la dernière promotion de Radiohead qui proposait aux internautes de payer le prix qu'ils souhaitaient (de quelques centimes à plusieurs dizaines d'euros) pour leur album In Rainbows.

Francis Lalanne a répondu qu'il comptait bien mettre ses chansons « en téléchargement gratuit, avec un paiement facultatif, pour ceux qui le désirent, c'est-à-dire ceux qui en ont les moyens. C'est pas des voleurs les gens. Si quelqu'un peut te donner un euro pour ta chanson, il va te le donner. S'il peut pas, il va pas te le donner. On veut faire croire que les gens sont malhonnêtes, mais les gens sont pas malhonnêtes, ils sont conscients qu'un artiste, pour gagner sa vie, il a besoin de croûter. Mais à un moment donné, moi je comprends que quelqu'un ait pas envie de mettre 20 euros ou 25 euros dans un CD. Un CD, ça doit être vendu 9 euros maximum. »

Vous pouvez écouter l'intégralité de cette excellente interview de Francis Lalanne par Philippe Vandel sur France Info.

Rédigée par Nil Sanyas le jeudi 13 août 2009 à 10h17 (36928 lectures)
Source de l'INformation : Merci ArcVox

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