mercredi 21 octobre 2009

Afghans expulsés: tollé à gauche contre Besson, soutenu par le gouvernement

Afghans expulsés: tollé à gauche contre Besson, soutenu par le gouvernement

PARIS — Le renvoi de trois clandestins afghans décidé par le ministre de l'Immigration Eric Besson a déclenché mercredi les foudres de la gauche contre l'ex-responsable socialiste, qui a pu compter sur le soutien de la majorité.

Lançant un "signal" pour mettre fin à la "logique d'un trafic odieux", le ministre a annoncé l'expulsion des trois Afghans interpellés en situation irrégulière en France, assurant qu'il n'y avait "pas de "danger" pour ces hommes originaires de Kaboul.

Un argument qui est loin d'avoir convaincu de la gauche qui n'a pas digéré l'entrée de ce transfuge du PS au gouvernement et à l'UMP, dont il est devenu l'un des responsables.

Le député PS Julien Dray, a estimé que les retours forcés de trois immigrés illégaux afghans vers Kaboul "sont indécents" et "inutiles" et procèdent de "l'entêtement du pouvoir en place".

"Ils sont indécents au regard de la situation qui existe en Afghanistan et inutiles dans la lutte contre l'immigration clandestine", a déclaré M. Dray à France Inter

Sa collègue Aurélie Filippetti a estimé que le ministre avait franchi "un cran dans sa politique de cynisme (...) pour plaire à son nouvel électorat".

"La politique d'Eric Besson et du gouvernement en matière d'immigration n'est pas seulement inefficace. Elle est aussi inhumaine", a déclaré la députée de Moselle.

Henri Emmanuelli, député des Landes, a quant à lui jugé "honteux" ce renvoi "parce qu'on sait très bien ce qui se passe en Afghanistan". "Je suppose que les gens qui vont revenir là-bas ont de vrais risques. Donc je ne voudrais pas être dans la peau de M. Besson", a-t-il lancé.

Le PCF, qui exige l'arrêt des reconduites à la frontières et des "charters de la honte", a aussi condamné l'action de "ce petit ministre qui fait ses mauvais coups après minuit", par la voix de son porte-parole Olivier Dartigolles.

La sénatrice, Alima Boumediene-Thiery (Verts), a dénoncé une décision "contraire à plusieurs engagements internationaux de la France".

Le gouvernement y a en revanche vu l'occasion de ressouder les rangs de la droite agitée par plusieurs polémiques, en affichant sa fermeté dans le dossier de l'immigration.

"Eric Besson met en oeuvre une politique d'immigration qui est à la fois ferme et juste, qui applique les décisions de justice", a affirmé Luc Chatel, ministre de l'Education et porte-parole du gouvernement, lors de son compte-rendu hebdomadaire du Conseil des ministres.

"Je suis surpris qu'on soit aujourd'hui étonné d'une telle décision dans la mesure où elle est conforme à notre politique en matière d'immigration", a-t-il affirmé.

La secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano a également justifié l'expulsion des Afghans en soulignant que M. Besson n'avait fait qu'"appliquer la loi".

On ne peut pas "dire à tous les Afghans ou à toutes les personnes qui habitent dans un pays où il y a la guerre de venir en France, ce serait totalement irresponsable", a jugé cette proche du président Nicolas Sarkozy.

Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a aussi défendu la décision du ministre, estimant qu'il avait "agi avec dignité et efficacité".

Une réponse au maire PS de Paris Bertrand Delanoë qui avait demandé que les demandes d'asile des réfugiés afghans "soient traitées avec efficacité et dignité".

"Notre politique d'immigration reste, plus que jamais, marquée par la volonté de concilier respect de la dignité humaine et fermeté", a assuré M. Lefebvre, en rappelant que les expulsés seraient "reconduits dans une zone sécurisée".

Seule voix discordante à l'UMP, le député des Yvelines Etienne Pinte a déploré auprès de l'AFP d'avoir été "mené en bateau" par M. Besson, qui lui avait assuré mardi qu'il n'y aurait pas de retours forcés d'immigrés illégaux afghans vers Kaboul.


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