lundi 23 août 2010

Politique sécuritaire: les attaques contre Sarkozy s'amplifient

Politique sécuritaire: les attaques contre Sarkozy s'amplifient

De Raphaël HERMANO (AFP) – Il y a 50 minutes

PARIS — Au lendemain des critiques du clergé et du rappel à l'ordre de Benoît XVI au gouvernement sur sa politique à l'égard des Roms, le virage sécuritaire engagé par Nicolas Sarkozy a continué lundi de susciter l'indignation de politiques, du PS au FN en passant par Villepin.

Dans le camp présidentiel, les incriminations de l'Eglise ont sans surprise fait mouche auprès de Christine Boutin, au point de relancer pour la responsable du Parti Chrétien-Démocrate (PCD) la réflexion sur une possible séparation de son mouvement d'avec l'UMP, auquel il est allié.

Cette affaire "conforte notre réflexion sur 2012 et le fait que nous pourrions avoir un représentant dans cette élection présidentielle, moi ou quelqu'un d'autre", a mis en garde l'ex-ministre, qui évoque une "fêlure".

Toujours à droite, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin n'a pas mâché ses mots, dans une tribune signée dans Le Monde, en dénonçant une "surenchère sécuritaire" qui provoque "une tâche de honte sur notre drapeau national".

La séquence engagée à Grenoble a même fait un nouveau rallié pour le président de République solidaire (RS) : Amine Benalia-Brouch, le militant UMP témoin et objet de la blague de Brice Hortefeux sur les Arabes, laquelle a valu au ministre de l'Intéreur une condamnation pour injure raciale.

"J'en ai ras le bol de cette politique menée par le gouvernement. J'en avais déjà marre avec le débat sur l'identité nationale, puis avec l'arrivée à l'UMP de Philippe de Villiers (président du Mouvement pour la France, ndlr), mais là avec les Roms, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a expliqué celui qui affirme avoir désormais rejoint le mouvement villepiniste.

"Prendre pour cible, à grand spectacle, une communauté tout entière, ultra minoritaire, pour plaire à une partie de l'opinion, c'est grave et dangereux", a déclaré de son côté le patron du MoDem, François Bayrou.

Au PS, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin a lui aussi pris la plume pour fustiger "la stratégie de tension" mise en oeuvre par l'exécutif.

Le porte-parole du parti Benoît Hamon a pris appui sur les critiques du pape, venant après celles de l'ONU et de plusieurs journaux étrangers, pour dire que Paris se plaçait "au ban des nations en matière de droits de l'Homme".

Le député PS de Paris Jean-Christophe Cambadélis a pour sa part choisi de dénoncer l'étonnant mutisme estival de François Fillon sur les questions de sécurité, que certains dans son camps analysent comme une prise de distance, mais qui "isole encore plus Nicolas Sarkozy", estime l'élu socialiste.

Force ouvrière y est aussi allée de son attaque, accusant le gouvernement de "dérive" à l'égard des Roms, "une rupture avec les principes de la République".

Dans leurs critiques, les détracteurs du chef de l'Etat l'accusent de vouloir tenter par ce virage sécuritaire de réitérer le siphonnage des votes du Front national, l'une des clés de son succès en 2007.

Du coup, le vice-président du FN, Bruno Gollnisch, a mis en garde les "éternels naïfs et futurs cocus" qui "s'enthousiasment à nouveau, comme en 2007, de la posture en apparence sécuritaire de Nicolas Sarkozy".

Les "expulsions volontaires coûteuses" de Roms "ne servent à rien : les intéressés, de l'aveu des forces de police et de gendarmerie, ne se gênent pas pour revenir, le gouvernement français s'étant privé lui-même des moyens de les en empêcher", a affirmé l'eurodéputé frontiste.

Dans ce concert de griefs, le seul responsable de parti à venir au secours du chef de l'Etat est Philippe de Villiers, qui l'a appelé à "tenir bon".

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