jeudi 16 juillet 2009

Les élites de 2009 sont aussi aveugles que celles de 1789

« Les élites de 2009 sont aussi aveugles que celles de 1789 »

L'historien Jean Nicolas a étudié plus de 1800 émeutes populaires survenues en France entre 1661 et 1789. Arrivé à la conclusion que la rébellion est une exception française, il explique que l'aveuglement des élites françaises en 2009 est le même que celles de 1789. De là à affirmer que la rentrée sera chaude...



La prise de la bastille (Wikimedia commons)
Il suffisait de lire les archives de justice comme l’historien Jean Nicolas durant une quarantaine d’années. Elles regorgent de micro-émeutes débordant la réalité, débouchant sur des modes de protestation de plus en plus construits. Jean Nicolas en a étudié mille huit cent entre 1661 et 1789, mais il estime en avoir laissé de côté un bon millier. « Ces archives, d’une richesse incroyable, mais très mal classées, proviennent de la police, de la maréchaussée, de la justice ou encore des recours des procureurs et des mémoires défensifs des avocats », explicite le spécialiste à IDEE A JOUR.
« La rébellion n’est pas contre le pouvoir, elle est une protestation contre un pouvoir qui franchit ses limites, précise t-il. Ensuite, elle peut changer de nature, d’affectivité et déboucher vers une remise en cause radicale de ce pouvoir, c’est-à-dire la révolution. La France rébellionnaire est une réalité vivante et profonde, elle constitue même un mode collectif qui a fait du heurt et de la rupture le principe même du changement dans ce pays. »

Une exception française en somme dont on peut fixer l’extrait de naissance vers les années 1660, entre la Fronde et la révolution de 1789. Auparavant, existaient les jacqueries, les croquants, les va-nu-pieds, fort nombreux, fort actifs. Mais ils constituaient autant de mouvements « conservateurs », pré-libertariens, tournés contre cette autorité monarchique en train de se consolider et qui empiétait notamment fiscalement sur leurs droits traditionnels. Après la Fronde, la rébellion change sensiblement de nature.

Le bas peuple en émotion...

« Les élites de 2009 sont aussi aveugles que celles de 1789 »
Des historiens allemands, comparant cette période, se sont dit surpris par l’intensité et de la multiplication des mouvements rébellionnaires à la française. « C’est une époque sous tension. Le régime monarchique est le règne de l’intranquillité par excellence, contrairement à ce que l’on imagine aujourd’hui, décrit Jean Nicolas. Les gens vivent dans une forme permanente d’anxiété. Ils ont le souci de survivre. La mendicité et l’errance s’étendent. Les peurs de l’époque sont celles de la précarisation, de l’échec des ambitions individuelles, notamment des petits clercs qui n’est pas sans rappeler la crise actuelle de l’université. Les salariés non qualifiés, cette armée des hommes de peine, suscitent également beaucoup d’inquiétude. »
« J’avoue que j’ai tremblé toutes les fois que j’ai vu la portion basse de ce peuple en émotion ! » écrira en 1788, le chroniqueur Restif de la Bretonne.

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Jeudi 09 Juillet 2009
Idée@jour
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